Viens ! Rentrons à la maison !
Tu retrouveras comme tu les as laissés
tes aiguilles, ton dé
et ce morceau de tissu
où ton fil s’est interrompu.
Sur la patère,
tu accrocheras ta veste
d’hiver
comme lorsque tu revenais
des courses.
Le panier d’osier
est vide
depuis longtemps
mais nous le remplirons
demain
– c’est promis –
de pommes rousses,
de patates douces,
de pamplemousses,
de bottes de persil.
Avec le chauffage
que je mettrai en route,
l’eau traversera
les colonnes
du silence,
tel le sang
qui bourdonne,
et une fois l’horloge
remontée,
sois sûre
que le cœur
de ta chambre
recommencera
à battre
comme avant.
Les lampes
auront gardé
leur halo
qui couronnera
d’or
ce soir
où nous serons ensemble,
l’une en face
de l’autre
à la table de bois.
Il suffira
que tu laisses
la porte
entrouverte
pour que se faufile
à pas de chat
le souvenir
de ton mari
et qu’une ombre
s’allonge
dans le couloir.
Viens !
Rentrons maintenant
dans la maison
de ma mémoire !
Géraldine Andrée