Archives mensuelles : juillet 2023

L’arbre

Le sais-tu
Tu t’es assez repue
de ma sève
pour nourrir
tes rêves
de cimes

Mais j’ai confiance
en ma force
de résilience
Toutes
ces larmes
que tu as fait naître

pour que tu y trempes
tes lèvres
me montrent
dans leurs étincelles
l’abondance
de ma récolte

Je suis devenue
riche
de ma capacité
à grandir
toujours plus
vers le ciel

poussée
par le désir
de dépasser
ton ombre
qui me serre
encore

Géraldine Andrée

Le plat qui me réconforte

Je vais vous confier
le plat qui me réconforte
quand la vie me malmène :

une bonne tartiflette
avec des lardons fondants
et du fromage blond

qui rend
sous les mains
de l’amant

mes hanches
douces
et rondes.

Et quand bien même
je plairais moins,
qu’importe !

L’essentiel est
que je prenne
plaisir

à me consoler
de la vie
et à profiter

de ce que je m’offre
quand celle-ci
n’a rien

à me proposer
sur l’immense carte
de son menu.

Géraldine Andrée

Robe de fête

Décidément
elle n’est pas
de cette famille
qui l’ignore

Et en pleurant
encore
elle s’éloigne
à petits pas

sur la route
noire
dans sa robe
de moire

sa robe
faite
pour les instants
scintillants

sa robe
de fête
qui se soulève
quand elle se tord

un peu
les chevilles
sur ce sentier
escarpé

qui malmène
ses talons
hauts
Puis elle se surprend

à sourire
à travers
ses sanglots
Alors

qu’elle s’est donné
tant de peine
pour briller
à la table

ce sont les étoiles
qui sont devenues
désormais
ses paillettes

Géraldine Andrée

Photo de Jonathan Borba sur Pexels.com

Sois fidèle à toi-m’aime, surtout quand on te renie !

Mon futur projet de voyage

Proposition quotidienne de rédaction
Quels sont vos futurs projets de voyage ?

Aller à Jérusalem pour écouter un concert d’Idan Raichel sous les étoiles, dans la nuit toute bleue, en tenant la main de mon amoureux.

Je vois déjà le couloir de céramique blanche menant à la chambre qui donne sur les ruelles enchevêtrées du quartier chrétien, la verrière que l’on traverse, ornée de plantes grimpantes et le cœur d’or d’une lampe qui brille, non loin du lit.

Je vois déjà ma valise défaite : je me penche par la fenêtre pour récolter les éclats d’une ville qui bruit, juste avant de revêtir ma robe de soirée.

Je note toujours mes rêves les dimanches dans la matinée

car il paraît que c’est ainsi que l’on peut les réaliser dans l’année.

Géraldine Andrée

Le plat que j’aimerais partager

Proposition quotidienne de rédaction
Quels plats aimeriez-vous préparer ?

Un gratin de courgettes
avec quelques feuilles de laurier
et tomates de saison
qui dore et qui crépite au four
tandis que je regarde le soleil disparaître
dans ma salle de séjour
pour devenir
un tout petit point roux.

Géraldine Andrée

Photo de Polina Kovaleva sur Pexels.com

Tous ces jardins

Je suppose
qu’il y a autant
de jardins

que de rêves,
mais une chose
est certaine :

Garde la grille
de ce jardin
qui murmure

en toi
ouverte
car c’est lui

qui nourrit
tes rêves
et fait

éclore
comme
des poèmes

ces instants
que la vie
te promet.

Géraldine Andrée

Photo de Valeria Ushakova sur Pexels.com

Tu me parles
souvent
du jardin
de là-bas…

Mais de quel jardin
s’agit-il
exactement ?
Celui

qui se cache
derrière
la colline
du pays natal ?

Ou le jardin
suspendu
tel un pétale
entre

deux
infinis,
la mer
et le ciel ?

Ou est-ce
cette frêle
touche
d’iris vert

posée
comme une perle
sur la dune
d’un désert ?

Ou encore
le jardin du paradis
où l’on s’apprête
à renaître ?

Peut-être
s’agit-il
de toutes ces parcelles
de jardins…

Mais je te parle
surtout
du jardin
qui ouvre

sa porte
en toi
pour que tu récoltes
ton enfance…

Géraldine Andrée

Le silence

Le silence
est tel
à cette heure

qu’il me semble
qu’il baigne
la tasse

la carafe
ce rayon
de soleil

et mon poème
dont chaque
mot

est
le reflet
de l’autre

Géraldine Andrée

Photo de Diego Madrigal sur Pexels.com

Poème
feuille
qui se penche
à fleur
de silence

L’Envol

Comme tu veux t’envoler
je prends ma plume
et j’écris
sur le grain de beauté
de ton menton
les plis de ton cou
ta respiration dans l’ombre
pendant la sieste
des après-midi d’août
ton éternel tee-shirt rouge
que tu portais déjà
quand j’avais dix ans
le frottement de tes pas perdus
dans le couloir
parce que ma mère
tarde à rentrer
le mouchoir avec lequel tu essuies
à petits coups secs
le chocolat
autour de ta bouche
les veines gonflées
de tes poignets
lorsque tu serres les poings
de colère
contre la terre entière

J’écris une dernière fois
sur tout ce qui te rendait
vivant
les menus détails
de ton existence
l’éclat de ta montre
ta façon de déboucher
la bouteille de vin
les trois comprimés
contre l’hypertension
que tu poses la veille
sur ta biscotte
du matin

Ma main est animée
d’une énergie
quasi
électrique
tandis que tu deviens
cet oiseau
s’impatientant
sur le fil de mon encre
battant des ailes
par intermittence
puis disparaissant
dans le blanc
de l’espace suivant
que ma plume
laisse
libre

définitivement

Géraldine Andrée

Ce point commun

Je sais
ce point
commun
entre

prendre
le petit
sentier
des vacances

tout étoilé
de lampes
le soir
en Provence

et écrire
un poème
Je vais
portée

par les chevilles
ailées
de mon âme
vers

l’encre
brillante
d’une galaxie
de silences

Géraldine Andrée

Le petit chat roux

Le petit chat roux
est mort
Leucose féline
dit-on

Mais il paraît
que l’âme
survit
au passage

ultime
Alors je cherche
un signe
du petit chat roux

Guette-t-il
sous les tuiles
un oiseau
imprudent

ou m’attend-il
par habitude
entre
les poutres

éprouvant
quand je rentre
ma secrète
solitude

Puis je me ravise
Il est inutile
de chercher
le petit chat roux

tout en haut
car lorsque le soleil
joue
avec le feuillage

qui est à la hauteur
de mon cœur
j’ai la certitude
que c’est moi

qui deviens
immatérielle
et qui traverse
au cours

de ma promenade
son pelage

Géraldine Andrée