Tu as laissé les choses telles qu’elles sont :
près du seuil, ta veste, accrochée au portemanteau, attend la promenade ;
au bord de la table, est dépliée une liste de courses à faire ou déjà faites ;
voici près de la fenêtre, la plante encore toute fraîche d’avoir été arrosée ;
au fond du fauteuil, ce livre conserve en son milieu son signet, fidèle à l’instant où tu seras libre ;
la partition est ouverte sur la dernière Andante ;
quant aux touches noires et blanches, elles croient que mes mains sont tiennes – mêmes notes pures et alertes ;
et puis, sur le plateau d’ébène, il y a la théière de porcelaine, prête comme si tu venais à peine de poser le couvercle.
Le temps infuse dans l’ombre.
Le miroir te guette.
Pour les invités du soir, tu mettras la plus belle toilette.
Tu as laissé les choses telles qu’elles sont.
Je tends l’oreille :
après tout, qui me dit que tu es absente ?
Un souffle ne se confond-il pas toujours
avec le silence ?
Géraldine Andrée