Archives mensuelles : avril 2018

Tu as laissé les choses

Tu as laissé les choses telles qu’elles sont :

près du seuil, ta veste, accrochée au portemanteau, attend la promenade ;

au bord de la table, est dépliée une liste de courses à faire ou déjà faites ;

voici près de la fenêtre, la plante encore toute fraîche d’avoir été arrosée ;

au fond du fauteuil, ce livre conserve en son milieu son signet, fidèle à l’instant où tu seras libre ;

la partition est ouverte sur la dernière Andante ;

quant aux touches noires et blanches, elles croient que mes mains sont tiennes  – mêmes notes pures et alertes ;

et puis, sur le plateau d’ébène, il y a la théière de porcelaine, prête comme si tu venais à peine de poser le couvercle.

Le temps infuse dans l’ombre.

Le miroir te guette.

Pour les invités du soir, tu mettras la plus belle toilette.

Tu as laissé les choses telles qu’elles sont.

Je tends l’oreille :

après tout, qui me dit que tu es absente ?

Un souffle ne se confond-il pas toujours

avec le silence ?

 

Géraldine Andrée

J’écris sur la conscience

J’écris sur la conscience que j’écris.

J’écris sur la conscience que j’ai

du reflet de l’encre sur la page,

des mots qui tremblent en leur lueur naissante,

des lettres dont la boucle est une fenêtre ouverte,

de l’intimité de ma main avec la feuille qui se soulève à mon passage comme si elle n’attendait que mon souffle pour s’animer,

du grain du cahier aussi important que le grain du chemin pour la progression du voyage.

J’écris ici sur la conscience de la trace que je laisse

et qu’un inconnu, demain, suivra peut-être

avec conscience.

 

Géraldine Andrée

Le temps de la flamme

Dans la demeure

de là-bas,

il n’y avait pas

d’horloge.

 

Seul

importait

le temps

de la flamme :

 

comment

à chaque

instant

elle se penche,

 

vacille,

puis se redresse,

soudain

plus forte,

 

plus grande,

enluminant

les ombres

du silence…

 

As-tu souvenance

des battements

des secondes

en son centre

 

comme si

son propre souffle

l’avivait

davantage,

 

de ses reflets

qui tremblent

un peu

à l’approche

 

des visages,

et de son coeur

bleu

qui change

 

les couleurs

de nos yeux ?

Là-bas,

il n’y avait pas

 

d’horloge.

Mais lorsqu’il

restait

une toute

 

petite

mèche d’or,

bien brillante

encore,

 

on savait

qu’on était

arrivé

au seuil

 

de l’aurore

 

Géraldine Andrée

Tous droits réservés@2018

Le silence de la flamme

Le silence

de la flamme

est parcouru

de déliés d’or

 

 

Le silence

de la flamme

se lit

jusqu’à l’aurore

 

 

jusqu’à l’ultime

instant

où quand

la flamme

 

 

s’éteint

dans un silence

que l’on ignore

il demeure

 

 

pour l’avenir

du jour

un point

qui luit

 

encore

 

Géraldine Andrée