Chacun de nous garde en mémoire un jardin.
Jardin d’enfance, jardin d’une maison de vacances, jardin ouvrier où l’on fait sa petite récolte un dimanche.
Qui n’a jamais goûté une sieste sous son arbre préféré, contemplé l’éclosion d’un laurier-rose, suivi le chat parmi les herbes hautes, ramassé des fruits pour en remplir son panier, mangé des pommes ou des reines-claudes lors d’un pique-nique organisé en fraude ?
Mais voilà ! Nous sommes toujours obligés de sortir du jardin.
Parce qu’il faut aller à l’école, partir travailler, gagner sa vie.
Parce que la maison sera vendue, que le crédit doit être remboursé, que la mairie veut remplacer le verger par un parking.
La mémoire d’un jardin est teintée de nostalgie pour toute la vie.
Chacun se sent exilé d’un jardin qu’il a bien connu, de son jardin qu’il pensait posséder ou d’un jardin collectif à jamais perdu, et donc métamorphosé en mythe (comme, par exemple, le jardin d’Éden d’où l’homme originel a été chassé).
Est-ce que les jardins existent pour qu’on les regrette, qu’on les pleure, qu’on les quitte ? Peut-être…
Je crois que durant tout le temps de notre vie, nous cherchons le jardin initial.
Et nous le retrouvons souvent, en créant – une musique, un livre, un tableau, un film où il est uniquement question de lui, le jardin-refuge…
Certaines séances de méditation nous invitent à entrer en notre songe en imaginant une source, un feuillage, un sentier qui, si nous l’empruntons au rythme de notre souffle, nous emmène… vers nous-mêmes.
Car c’est ainsi : je crois que les jardins les plus merveilleux ne sont pas à l’extérieur de nous mais qu’ils respirent, bien vivants, en nous.
Les jardins existent pour nous montrer que nous sommes tous sur cette terre un jardin.
Alors, ouvrons nos grilles au pas du promeneur qui vient !
Géraldine Andrée
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