Archives mensuelles : Mai 2022

La route sans nom

C’est une route sans nom qui attend que tu l’appelles par un nom d’étoile, de fleur, de planète, ou par ton prénom, peut-être…

Et c’est ainsi qu’en la baptisant comme tu le souhaites du plus loin que toi-même, la route devient Poème.

Géraldine Andrée

Le cahier du jardin

En cheminant

patiemment

de feuille

en feuille

pour que chaque mot

puisse éclore

dans un pétale

d’encre,

en accrochant

une note

tout en haut

de l’allée

que m’offre

la marge

comme si c’était

une note d’oiseau

et en disposant

les quatrains

de mon poème

de chaque côté

de la page,

tels les battants

d’une fenêtre

ouverte,

j’ai fait en sorte

que l’ancien jardin

devienne ce cahier

qui tient

tout entier

dans ma main.

Géraldine Andrée

Le silence du jardin

Le silence
est une fenêtre ouverte
qui donne
sur le jardin de mon enfance.

Je me souviens
que je me réveillais à l’aube
et que je partais en quête
des présents

du silence
que contenait le jardin,
juste avant que les voix
n’environnent

la terrasse,
l’arrosoir et les roses.
Pieds nus le long
de l’allée blanche,

je découvrais
les gouttes
de la rosée
sur la lavande

et l’empreinte
des pattes de la chatte
qui rentrait de sa promenade
sauvage

dans le bleu de l’agave.
Je me revois
qui me penche
sur l’aile

d’un tout petit silence
ressuscité
en papillon moucheté,
voletant

de lueurs
en senteurs,
de la sarriette
à la menthe.

Si je vais plus loin,
si j’ose m’approcher
de l’ombre verte
de l’olivier,

il me semble entendre
le souffle
de la mer
qui se balance

à fleur
de branches.
Et je me réjouis
aujourd’hui

que le chuchotement
de l’ancien jardin
effacé depuis longtemps
de ce monde,

tel un frêle
point
dérisoire,
soit revenu

soudain
par la fenêtre
ouverte
de ma mémoire

pour se poser
tout au bord
de mon oreille
où feuilles

et silences
à jamais
se retrouvent
et se confondent.

Géraldine Andrée


Photo de Deeana Arts

La première dans le jardin

Le jardin ultime

Alors, j’ai regardé une dernière fois

le jardin.

Il y avait toujours l’ombre des feuilles

sur le chemin,

le rayon de soleil

dans la vasque,

et les abeilles

qui, de leurs étincelles,

allumaient les herbes

comme de petits feux de joie.

J’ai donc détourné le regard.

Le jardin vivrait

bien après moi.

Géraldine Andrée

L’enfant du poème

Le poème n’est pas
mon enfant
C’est moi qui suis l’enfant
du poème

Le poème m’offre
en récompense
pour ma joie
des couleurs d’aurore

Il m’apprend à jouer
avec tous les présents
de l’éternité
il m’emmène

dans le jardin
où la fée
de la feuille
danse

Il me montre
comment enjamber
l’espace blanc
de la page

comment sauter
sur la marelle
qu’il a tracée
pour atteindre

au Ciel
la pierre étincelante
de sa rime
ultime

Et surtout
il me désigne
l’étoile la plus petite
au cœur de la nuit

en me disant
Donne-lui
un nom
Ce peut être

le tien
car tu es l’enfant
qui fait partie
de la vaste

famille
de ma constellation

Géraldine Andrée