Archives mensuelles : décembre 2022

Le cerf-volant

Je le tenais fermement,
moi, l’auteur de son vol
au-dessus du jardin
et pourtant,

sous l’effet du souffle
du vent,
son fil s’est enfui
de mes mains

et je l’ai vu flottant
dans les airs
comme une corolle
détachée de la terre.

Longtemps, il a vogué
sur un rayon
de lumière
avant de disparaître

dans un point frêle,
le cerf-volant
de mon enfance.
En vain,

je suis partie en quête
de l’endroit
où il aurait bien pu
se poser.

J’ai fouillé
entre les feuilles,
écarté
les herbes folles,

battu
avec mon bâton
de coudrier
buissons et fourrés.

Sans succès.
Je savais le pouvoir
de la parole
pour faire revenir

ce qui semble
à jamais
perdu.
Alors, je suis montée

dans ma chambre
et avec mon encre
merveilleuse
j’ai recréé

sous forme
de poème
mon cerf-volant
aimé.

J’ai imaginé
qu’il m’était rendu,
tout constellé
de la rosée

de l’aube
avec laquelle
il avait dansé
et m’offrant

des paillettes
d’étoiles
encore allumées
à la jointure de ses ailes.

Dans le rêve
ininterrompu
d’une poésie,
j’ai retracé

son voyage
au-dessus du monde
qui ressemblait
à notre jardin.

Le lendemain matin,
j’ai retrouvé
mon cerf-volant
disloqué

sur les tendres feuilles
du laurier,
pauvre oiseau
fragile

qui s’était brisé
dans son exil
face à une force
plus grande que lui.

Mais ce n’en était pas fini
de son vol
car là-haut
dans ma chambre,

son âme
avait ressuscité
en ce poème
suspendu,

ailes ouvertes,
pour l’éternité
dans le ciel
du papier

et auquel le fil
de mon encre
m’avait attachée
pour que tous

les enfants
qui cherchent
sur cette terre
leur cerf-volant

continuent
à croire
au retour
des rêves emportés.

Géraldine Andrée

Les salines

C’est parce que je n’ai jamais fini

d’atteindre de mémoire

la lumière des eaux salines

de l’ancien pays

que j’écris

Avec ma plume

j’explore

sa profondeur

marine

et je remonte

sur le rivage

de la page

avec

la frêle

pierre

d’un autre

mot

qui brille

signe

que je suis descendue

encore

plus loin

dans l’inconnu

Géraldine Andrée

Écrire, c’est naviguer entre le bleu et le blanc.

Le sentier de Poésie

À la fin
ultime,
le sentier
de Poésie
aura tellement lui
à travers ta vie
qu’une fois
le point d’or
atteint,
ton souffle
l’empruntera
encore
pour franchir
l’autre pays.

Géraldine Andrée

Le tout premier poème

Je crois que c’est le tout premier poème qui a offert un arbre à mon âme.

Depuis, de poème en poème, mon âme a grandi

jusqu’à devenir elle-même cet arbre

qui destine son ultime feuille

au ciel.

Géraldine Andrée